1- Un enfant du village
Mouloud Ath Chavane (le nom en kabyle des Feraoun) est né le 8 mars 1913 à Tizi-hibel.
Notre Association rend aujourd’hui hommage à la mémoire de cet illustre enfant du village, assassiné par les activistes de l’OAS le 15 mars 1962 à Alger.
Tizi-hibel est le thème central de sa première œuvre littéraire “ le fils du pauvre” qui a révélé un écrivain plein de talent et d’humanité.
Feraoun repose dans notre village au terme d’un riche itinéraire durant lequel il se dépensa sans compter au service de la promotion de l’éducation et du savoir au sein de la population algérienne.
Feraoun a été l’instituteur du Bled, l’inspecteur des centres sociaux éducatifs et en même temps un écrivain reconnu et respecté.
2-L’instituteur du bled
Convaincu de sa mission d’éducateur, après 3 ans passés à l’école normale de Bouzareah où il est admis en 1932, il commence sa carrière d’instituteur auprès des siens, d’abord à Taourirt Adane en 1935 puis à Taboudrist non loin de Béni- Douala de 1937 à 1945 et à Taourirt moussa en 1946.
En 1952 il prend la direction du cours complémentaire de la commune mixte de Fort National ou le surprend le début de la guerre de libération.
C’est dans une ville en guerre qu’en 1957 il se retrouve à Alger à la direction de l’école du Clos- Salembier.
Feraoun vit alors des moments difficiles tiraillé entre la force de ses convictions et la réalité de son vécu : témoin de l’injustice et des inégalités criantes imposées aux populations algériennes, conscient de sa propre situation « d’indigène » en dépit de sa culture, de sa fonction et de son prestige littéraire, il nourrit une hostilité déclarée au maintien de la domination coloniale incompatible avec les idéaux républicains d’égalité et de fraternité qui lui furent dispensés à Bouzareah.
Feraoun constate l’opposition flagrante entre le projet éthique affirmé par la République et la pratique coloniale d’oppression politique de la société indigène.
Mais sa méfiance à l’égard des doctrines l’éloigne de la politique (et de la religion) et neutralise chez lui tout engagement militant.
Conduit par ses convictions il continue dans le contexte de guerre à œuvrer inlassablement pour la promotion de l’éducation et la formation des nouvelles générations perçues comme le moyen de l’affranchissement et du progrès libérateur.
3- L’inspecteur des centres sociaux
Feraoun est nommé en 1960 inspecteur pour l’enseignement agricole des centres sociaux éducatifs crées sous l’impu1sion de Germaine Tillon en 1955.
Ces centres devaient promouvoir l’action sociale en direction des populations et surtout constituer un complément au système scolaire traditionnel en vue de la généralisation de la scolarisation des jeunes algériens prévue par le plan de scolarisation accéléré mis en place dans le cadre du plan de Constantine d’aout 1958.
Les élus d’Algérie et une partie de l’armée étaient hostiles à ce projet. Ils ont tenté, en vain, d’en entraver la mise en œuvre conduite sous la direction du recteur de l’académie d’Alger.
Le 15 mars 1962, un commando OAS est chargé de décapiter les centres sociaux.
Il assassine six fonctionnaires parmi lesquels Mouloud Feraoun.
4-L’écrivain
L’œuvre littéraire de Feraoun témoigne de son ancrage dans sa région natale.
Son souci constant est de faire connaître les siens, ceux du village qui, en dépit de sa pauvreté et de ses petits travers, constitue « un havre contre lequel viennent s’échouer et la grossièreté urbaine et la vanité du monde ».
Toute son œuvre se présente comme un regard descriptif affectueux et réaliste de la montagne et du village kabyle.
Le but est de faire connaître aux autres la société kabyle, de la révéler aux européens notamment, convaincu que l’avenir était dans le rapprochement des communautés et l’harmonie des relations sociales entre toutes celles vivant sur la terre d’Algérie.
L’œuvre de Feraoun :
♦ Le fils du pauvre 1950
♦ La terre et le sang 1953
♦ Jours de Kabylie 1954
♦ Les chemins qui montent 1957
♦ Les poèmes de Si mohand 1960
♦ Journal 1955 1962
♦ Lettres à ses amis 1969
♦ L’anniversaire 1972
Association Culturelle Mouloud Feraoun