Plusieurs arrondissements attendent avec impatience les résultats du projet-pilote de vaccination contre la COVID-19 en cours depuis lundi dernier dans Côte-Saint-Luc et le secteur de Plamondon, dans le quartier Côte-des-Neiges.

Zacharie Goudreault
28 mars 2021

Alors qu’une troisième vague se profile sous le signe des variants de la COVID-19, l’inquiétude grimpe dans plusieurs arrondissements montréalais en quête de solutions pour assurer la protection de leurs résidents, qui font face de façon inégale à la pandémie.

Tant l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) que l’Agence de la santé publique du Canada ont dressé vendredi un constat troublant : la troisième vague approche, et elle sera marquée par les variants de la COVID-19. Au Québec, ceux-ci deviendront dominants d’ici le début du mois d’avril, anticipe l’INSPQ, qui constate que les mesures sanitaires actuelles sont « insuffisantes » pour ralentir la progression des variants, plus contagieux que la souche originelle du coronavirus.

Dans ce contexte, plusieurs arrondissements attendent avec impatience les résultats du projet-pilote de vaccination contre la COVID-19 en cours depuis lundi dernier dans Côte-Saint-Luc et le secteur de Plamondon, dans le quartier Côte-des-Neiges. D’une durée de deux semaines, celui-ci vise à offrir 15 000 doses de vaccin à des parents d’enfants qui fréquentent des garderies et des écoles dans ces deux secteurs, de même qu’à une partie des employés de ces établissements.

Pour l’instant, il est trop tôt pour dresser un bilan de cette initiative, indique au Devoir la Direction régionale de la santé publique (DRSP) de Montréal. Ainsi, ce n’est qu’une fois qu’elle aura terminé l’analyse de cette stratégie de « suppression des variants » qu’elle décidera ou non d’étendre cette initiative à d’autres quartiers de Montréal, a-t-elle précisé plus tôt cette semaine.

« Les statistiques sont encourageantes », a toutefois affirmé vendredi le porte-parole de la DRSP de Montréal, Jean-Nicolas Aubé, au sujet de la diminution de la transmission des cas de variants de la COVID-19 dans les zones concernées par ce projet-pilote.

Des « cliniques éphémères »

Pendant ce temps, ailleurs à Montréal, plusieurs initiatives se mettent en branle pour prévenir la propagation des variants de la COVID-19. Le CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal, qui dessert entre autres Ahuntsic-Cartierville, Montréal-Nord et Saint-Laurent, mène d’ailleurs depuis jeudi un projet-pilote de « cliniques éphémères ». « Il s’agit de cliniques mobiles de vaccination contre la COVID qui se déplacent dans les voisinages de notre territoire », notamment à Montréal-Nord, indique l’établissement, dans un courriel au Devoir. Une initiative qui vise à « toucher les usagers les plus vulnérables et qui risquent de ne pas se déplacer ».

L’établissement de santé n’écarte par ailleurs pas la possibilité de tenir sur son territoire un projet-pilote de vaccination semblable à celui en cours dans Plamondon et dans Côte-Saint-Luc. Une perspective que salue le maire de Saint-Laurent, Alan DeSousa.

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« On va toujours rester ouvert à l’extension de ce genre de projet sur notre territoire », assure l’élu, qui a obtenu sa première dose de vaccin contre la COVID-19 vendredi. Il appréhende toutefois les « tensions » qu’une telle initiative pourrait créer dans son arrondissement, si seulement une partie des parents qui y résident y ont accès.

La mairesse de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce, Sue Montgomery, constate pour sa part qu’il peut être difficile de « joindre tout le monde » dans un arrondissement aussi multi-ethnique que le sien, dans le contexte de la campagne de vaccination en cours. Un récent rapport de Statistique Canada souligne d’ailleurs qu’une forte proportion de personnes noires ou d’origine latino-américaine au pays sont « très peu susceptibles » d’aller se faire vacciner contre la COVID-19. Ils sont pourtant « surreprésentés » parmi les travailleurs de la santé, plus à risque de contracter la maladie.

« Le gros manque qu’on a avec les communautés culturelles, c’est que les campagnes de sensibilisation ne sont pas nécessairement dans leur langue ou sur les médias qu’ils utilisent », constate la professeure à l’École de santé publique de l’Université de Montréal, Roxane Borgès Da Silva. La Santé publique doit donc s’assurer d’adapter ses campagnes de communication pour toucher tous les Montréalais, estime-t-elle.

Des enseignants inquiets

Dans les dernières semaines, plusieurs écoles de la métropole ont fait face à des éclosions de variants de la COVID-19. Certaines d’entre elles se situent notamment dans le quartier Parc-Extension, la ville de Mont-Royal et l’arrondissement de Pierrefonds-Roxboro, ont indiqué des sources au Devoir. Dans ce contexte, les inquiétudes sont grandissantes auprès des enseignants, d’autant plus que les élèves de 3e, de 4e et de 5e secondaire pourront retourner à l’école à temps plein dès lundi, en zone rouge.

« Si le retour des élèves à temps plein déclenche d’autres éclosions dans les écoles, on va devoir de nouveau fermer des bâtiments », prévient la présidente à l’Alliance des professeures et des professeurs de Montréal, Catherine Beauvais-St-Pierre.

Pour éviter une telle situation, il faudrait « minimalement » vacciner le personnel enseignant dans les écoles « où il y a des éclosions » de la COVID-19, estime ainsi la présidente du Syndicat de l’Enseignement de l’Ouest de Montréal, Mélanie Hubert.

Mme Borgès Da Silva prévient toutefois que « si on commence à donner des vaccins aux parents d’enfants scolarisés pour s’attaquer aux variants, ça veut dire qu’on aura moins de vaccins pour remplir notre programme en matière de priorités de vaccination » dans la province. Le gouvernement Legault aura donc « un arbitrage difficile à faire » dans les prochaines semaines dans sa réaction à la montée des variants de la COVID-19 dans la province, entrevoit l’experte.

LE DEVOIR

Published On: mars 28th, 2021 /